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Goetys
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Goetys


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MessageSujet: La page   La page Icon_minitimeJeu 30 Juil - 7:31

La page






J’ai frôlé la mort aujourd’hui.  Je n’ai aucune preuve de ce que j’avance sinon ma mémoire, mon intelligence ou ma raison.  Cet homme m’a attaqué.  Il ne m’a pas touché, n’a même pas fait un pas vers moi, mais il a néanmoins attenté à ma vie.

J’étais sur le chemin du retour après une soirée de jeu chez un ami lorsque le son de verre cassé m’a fait tourner la tête.  Oui, malgré mon caractère réfractaire et mes tendances agoraphobes, j’avoue que j’ai toujours eu une attirance singulière pour l’aventure, l’étrange ou l’interdit.  C’est ainsi que je me suis fait; c’est ce que je suis.  Faisant fi du danger possible, j’ai suivi le son de gazouillements singuliers montant d’une des nombreuses ruelles de Limoilou.

Dans l’allée j’ai vite repéré la fenêtre brisée menant à un sous-sol illuminé.  Le jeu de lumières puissantes dansait sur le verre brisé, coupées d’ombres mouvantes.  Je me suis approché.  J’ai vu quelque chose, quelque chose de vivant.

Je ne suis pas certain de ce que c’était.  C’était grand, aussi grand qu’un homme mais plus ... plus large, comme une barrique.  Je ne sais pas s’il était costumé ou s’il était seulement humain.  Tout s’est passé si vite.

Je regardai tout juste vers la fenêtre lorsque quelque chose à l’intérieur a explosé, faisant voler du verre brisé dans tous les sens.  Bien que je ne m’en sois pas aperçu alors, quelques échardes de verre vinrent se ficher dans ma joue et mon bras gauche.  Ce ne fut rien de bien sérieux.

L’instant suivant, une porte s’ouvrit dans l’allée.  Un homme en sortit, un grand colosse chauve bâti comme un réfrigérateur.  Il portait un chandail blanc et un pantalon foncé.  Quelques taches sombres maculaient le devant de son gilet.  Il portait des lunettes carrées et tenait quelque chose en main, une chemise ou une planche à dessiner, je n’ai pas réellement remarqué.

Il est resté un moment dans le cadre de porte, visiblement partagé, incapable de choisir s’il devait attaquer, crier ou encore ...  Je ne sais pas.

Je crois que c’est lorsque je me suis à nouveau tourné vers la fenêtre qu’il a écarté ses réserves.  « Toi! » cria-t-il.  « Il n’y a rien à voir ici. »  Il leva la main vers moi, les doigts crispés d’étrange façon.  Comment puis-je expliquer ce que j’ai ressenti alors?  Est-ce raisonnable de comparer la sensation qui m’a saisi avec celle d’un coup de couteau au cœur?  Peut-être.  Possible.  C’est du moins l’impression que j’eus lorsque ... lorsqu’il a lancé son mal vers moi.

Je sais.  C’est de la folie.  J’écris en bonne part pour me convaincre moi-même que je n’ai pas rêvé tout ça.  Sans la page trouvée par la suite sur les lieux je ne sais pas ce que j’eus cru.

Je m’explique :  Je suis retourné sur place.  J’ai d’abord fui, rentrant presque chez moi dans mon affolement mais je me repris.  Deux coins de rue plus loin, je sus retrouver mon aplomb.  Contre toute logique ma soif d’aventures l’emporta sur ma raison et je revins sur mes pas.

Fou?  Oui.  Toujours.

La lumière à la fenêtre du sous-sol était éteinte.  Des traces dans la neige suggéraient que l’homme était sorti inspecter les lieux.  Je me suis souvenu de débris, de pages lacérées balayées par le vent hivernal.  L’homme chauve avait tout ramassé.  Seuls quelques éclats de verre subsistaient sur place.

Usant de toutes les précautions possibles, j’avançai pour tenter de voir la fenêtre.  Je gardai instinctivement une main crispée sur ma poitrine, là où le mal de l’inconnu m’a frappé.  Le martèlement de mon sang dans mes tempes était assourdissant.  Je me penchai tout contre le verre brisé, m’agenouillant presque, mais je ne vis nulle créature ni plus de colosse chauve.  Je ne repérai en fait qu’une feuille jaunie à demi déchirée coincée dans le verre fracassé.

J’ai peine à expliquer pourquoi je ne suis resté plus longtemps sur place sans décrire ce que je vis sur cette page.  Je récupérai celle-ci avec soin, aux aguets.  Ce n’est qu’en la retournant dans la lumière rare que je vis les illustrations.  D’un côté, une gravure médiévale immortalisait une chirurgie malsaine perpétrée sur une femme par des personnages zoomorphes rappelant les dieux irréels de l’Égypte ancienne.  Grosse de plusieurs mois, la victime reposait sur son dos, la tête relevée comme pour dicter aux dieux préhistoriques les détails de la procédure.

Aussi étrange fut cette image sanglante, c’est l’illustration au verso qui me fit virer les talons.  On eut aisément pu méprendre ce dessin grotesque pour une pure invention de l’esprit.  Un corps allongé dépourvu de jambes avait été couché sur le papier jauni voilà des centaines d’années.  Je dis corps mais une telle conception est au mieux hasardeuse plaquée sur un être aussi inhumain.  Il évoquait davantage un oursin oblong qu’un torse de mammifère.  De part et autre de ce tronc s’étiraient une paire d’ailes ou de nageoires aux rayons délicats.  Son sommet comme sa base étaient coiffés d’une masse bourgeonnante qui n’était pas sans rappeler une étoile à cinq branches.  Deux bras filandreux semblaient émerger d’entre les replis inégaux de la masse principale; deux tubes fort articulés terminés par un amas de longs doigts préhensiles.

J’eus aisément pu méprendre ce dessin grotesque pour l’invention d’un esprit malade mais le souvenir de la chose entraperçue un moment avant l’explosion m’en empêcha.  L’être en forme de barrique avait-il lui aussi été coiffé d’une masse de chair en forme de pentagramme?  Non.  C’est impossible.  C’est du délire.

Pourtant ...

Les possibilités se multiplièrent dans ma cervelle enfiévrée.  Le monde se mit à tanguer.  Je sentis mon estomac se retourner et j’eus tout juste eu le temps de tourner la tête.  J’ai vomi.  J’ai fui.

Aurais-je dû saisir la page ancienne?  Sans doute m’aura-t-elle aidé à corroborer mon récit.  Qui me croira sans preuve?  Sans doute personne sinon les plus crédules.  J’hésite moi-même à me convaincre de ce que j’ai vu.

Demain.  Nous verrons demain.

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