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 Le Manuscrit de Chagrin.

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Goetys
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MessageSujet: Le Manuscrit de Chagrin.   Le Manuscrit de Chagrin. Icon_minitimeMar 17 Juil - 2:48




Le Manuscrit de Chagrin.

Citation :

Voici le résumé d’une partie de « L’Appel de Cthulhu » jouée avec mon grand fils de 18 ans, David. La campagne sera composée de trois scénarios en plus d’une courte introduction. Chacun des scénarios est prévu pour être joué en quelques soirs.

David sait qu’il doit créer deux personnages : un pour l’introduction qui se déroulera en 1918 et un second, plus complet, pour la partie en soi. Il saura ainsi faire profiter ce qu'il aura appris des aléas du système de jeu lors de la création de son vrai personnage.

Son premier investigateur est dressé en un rien de temps :

Jean Heberts est un jeune filou de 16 ans natif de la région de Hull, au Canada. Petit arnaqueur à la langue d’or, il fricote un peu avec la pègre locale. À la recherche d’émotions fortes, il parvient à baratiner son entrée dans l’armée afin d’aller voir le monde. On lui montre à se servir d’une arme puis, comme il a un certain talent avec les mots, on l’envoie vers l’Europe en tant que correspondant de guerre.
Ses premières semaines de combats sont un choc. Posté près de la ligne de feu, son bataillon voit beaucoup de conflits.



Introduction : La Forêt de Mormal, 1918.

L’aventure débute lorsque la section de Heberts est dispersée par une attaque nocturne de l’armée allemande. La pluie torrentielle et le tonnerre ont masqué l’approche de l’ennemi. En un rien de temps, les tirs d’artillerie lourde emplissent l’air. L’assaut tourne rapidement au carnage. Déjà un peu à l’écart du reste des troupes pour exécuter quelques clichés photographiques, le jeune homme se retrouve vite isolé dans les méandres des tranchées gorgées de cadavres. Seul, terrifié, il fuit les balles et les gaz empoisonnés, avançant à l’aveugle dans le charnier boueux.

Reprenant son souffle dans une passe plus étroite, il est hanté par une vision inquiétante lorsqu’un des hommes adossé à la paroi de terre semble ballotter. Croyant le soldat toujours en vie, Heberts approche mais la réalité et l’horreur de la situation le frappent avant qu’il ne rejoigne le corps. Le mur de terre contre lequel est adossé le mort remue et la dépouille tombe vers l’avant. L’adolescent songe tout de suite aux rumeurs de mineurs allemands chargés de percer les tranchées depuis le dessous mais ce qu’il voit poindre hors de la paroi coupe là ses pensées : une main inhumaine a poussé le corps, une main crottée munie de griffes.

Il fuit avant de voir le reste de l’être troglodyte.

À bout de forces, cherchant son souffle à travers le philtre de son masque à gaz, le jeune soldat abandonne toute prudence lorsqu’il voit un peu de lumière poindre hors d’un bunker de fortune. Il approche, discret comme un chat, et entend avec soulagement les voix de compatriotes. Une petite équipe de quatre survivants canadiens sont rassemblés là. Ils accueillent la recrue avec joie et le jeune homme épuisé s’écroule tandis que les militaires discutent de la suite des événements.

Un des soldats l’éveille lorsque que le groupe bouge à nouveau, chassé par le bruit des mortiers et l’odeur de plus en plus forte des armes chimiques de l’ennemi. Un grand blond charismatique nommé Clarence T. Jordan a pris le commandement de l’unité de fortune. Il semble fort décidé à sortir ses compagnons vivants de ce mauvais pas. Le petit filou apprendra plus tard que les trois autres viennent du Québec. Jones et Riddley sont deux amis de longue date natifs de Montréal. Le dernier est un francophone, un aumônier venu depuis la ville de Québec, le Père Julien Sirois.

Tourmenté, Heberts ne mentionne à personne l’épisode de la main griffue aperçue dans les tranchées. Il préfère mettre cette hallucination sur le compte de sa fatigue.

Dehors, le soleil s’est levé derrière l’épais rideau de pluie. On avance à pas de loup durant presque toute la journée, en silence. Le ciel oranger est bas et dense, si chargé qu’on ne peut qu’à peine deviner l’heure. Leurs pieds détrempés sont couverts d’ampoules. Le jeune Jean a mal partout. Il abandonne même une partie de son matériel afin de pouvoir suivre les autres, laissant son appareil photo et de nombreux carnets de notes derrière eux dans la boue ensanglantée.

Tard en journée, l’équipe voit sa première lueur d’espoir lorsqu’elle devine un boisé à travers la fumée. On se réfugie avec précaution à l’abri des arbres, conscients que le grand bosquet constitue une position possible stratégique. Échappant tout juste à l'enfer des tranchées, on préfère ne pas insister lorsque Jones s’étonne de trouver ces bois toujours debout. Il est vrai qu’il ne reste plus beaucoup d’arbres dans cette forêt de tranchées.

La discussion est coupée de court au moment où Clarence Jordan repère des corps mutilés et dévêtus dissimulés dans les fougères. Les dépouilles sont fraiches. Voyant des traces de griffes et de crocs sur chacun, on suppose que de grands animaux les ont déjà trouvés. Ces animaux ne peuvent être loin. On doit rester prudent.

Une investigation sommaire des environs révèle l’identité des six corps. Certains effets personnels, des papiers d’identité ainsi qu’une partie des armes de ces soldats allemands sont éparpillés tout autour. Quelque chose cloche, c'est certain. On suppose que des alliés ont volé les uniformes allemands afin de passer à travers les lignes ennemies. Jordan considère peut-être même répéter la stratégie. Jean Heberts, lui, reste cois. À la vue des blessures, le jeune journaliste de guerre ne peut s'empêcher de songer aux étranges terriers entrevus dans les tranchées. Il est heureux de reprendre la route.

Plus loin, on trouve avec soulagement un étang d’eau claire. Le lieu a vraisemblablement été aménagé. Des pierres plates cernent le point d’eau. On a planté un bâton décoré d'ossements et de plumes près du bassin. L'objet singulier est couvert de symboles impies. L'aumônier dégoûté marmonne une prière et brise le gri-gri tandis que les autres s’abreuvent. Le journaliste l’entend maugréer en français contre les pratiques rurales des paysans du Vieux Continent.

Ragaillardis par cette pause, les soldats discutent et choisissent de ne pas retourner vers les combats. On projette plutôt de traverser le terrain boisé pour retrouver les troupes de réserve situées non loin de là. Riddley a trouvé un sentier timide à demi dissimulé par la végétation. Il est clair que ce chemin est peu emprunté. Rassurés, les soldats décident de s'enfoncer davantage dans les bois brumeux. On progresse en silence, l’arme en main.

Le boisé s’avère toutefois assez vaste, plus grand qu’on ne l’eut cru possible dans ce climat de guerre. Presque toute la forêt de Mormal n’est-elle pas sensée avoir été rasée par les combats? Heberts s’en intrigue justement lorsqu’un des hommes repère une bande de soldats allemands accroupis dans les fourrés non loin d’eux. Heureusement, les ennemis n’ont pas l’air de les avoir vus. On chuchote, suggère qu’il peut s’agir des alliés ayant dévêtu les cadavres laissés près de l’orée. Afin de s’en assurer, on envoie le jeune journaliste fureter de plus près.

Ce n'est que lorsqu’il devine les traits des soldats ennemis à travers les brumes enfumées que Heberts comprend l'horreur de la situation. Des êtres inhumains aux traits presque canins se sont vêtus d'uniformes allemands! Leurs visages grotesques et tachés de sang l’effraient. Le jeune homme recule, commet un faux pas et attire sur lui l’attention des créatures. On bondit vers lui en grognant. Les coups de feux fussent de toutes parts. Lui évite un coup de griffes ébréchées puis les bêtes prennent la fuite devant l’insistance de l’assaut. Au moins deux des choses furent blessées dans leur fuite.

On ne sait que penser. Bien que tous ont cru remarquer quelque chose d’étrange avec ces soldats, seul Heberts les a vu d’assez près pour jurer que ces êtres n’avaient au mieux qu’une vague parenté avec l’humain. La petite troupe explore rapidement ses options. Retourner vers les tranchées est hors de question. Sans autre choix, ils choisissent de poursuivre leur route.




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MessageSujet: Re: Le Manuscrit de Chagrin.   Le Manuscrit de Chagrin. Icon_minitimeMar 17 Juil - 2:49



Peu avant la nuit, on découvre enfin quelques signes de civilisation. La patrouille de fortune débouche sur une nouvelle clairière aménagée. Celle-ci est plus vaste, blottie autour d’une petite colline basse. Une cabane isolée est perchée sur son sommet. On peut entrevoir un potager à demi dissimulé par l’élévation, un carré entouré d’une clôture basse au centre duquel veille un vieil épouvantail.

Les combats situés non loin de là ne semblent pas avoir atteint l’endroit silencieux. L’herbe est bien coupée, grasse et souple. Le site est dépourvu des construction hâtives qui pullulent partout ailleurs dans le nord de la France. L’habitation est une construction de rondins percée de trois fenêtres. Des pots de fleurs et d’aromates sont accrochés au balcon. La paix qui règne ici a quelque chose de dérangeant.

On approche la cabane avec prudence. Comme il est de loin le plus furtif des cinq, le petit journaliste est envoyé devant. Personne ne semble être à la maison. Regarder par les fenêtres ne révèle pas grand chose. Le verre est sale, couverte de suie. Heberts devine un mobilier rare, une table fort chargée et quelques chaises. Il fait signe aux autres d’avancer. On essaie la porte et la découvre déverrouillée.

À l’intérieur, les soldats fouillent sommairement la cabane. On comprend en un rien de temps qu’on a investi le repère d’un excentrique. À première vue, on soupçonne que l’unique occupant des lieux est vraisemblablement un chimiste ou un médecin. Cet endroit reculé est à la fois sa maison et son laboratoire. Des brûleurs bunsen, un microscope et des éprouvettes emplies de jus suspects témoignent d’expériences desquelles on ne comprend rien. Quelques dessins devinés dans des livres laissés ouverts montrent des corps disséqués et des schémas complexes. Ces vieux livres sont distribués ici et là, entre les alambiques et les contenants scellés.

Il doit y avoir ici des centaines d’ouvrages. Des piles de bouquins attendent dans chaque recoin, souvent coiffées de feuilles noircies de notes illisibles. Le reste de l’imposante collection littéraire attend dans une grande étagère appuyée contre le seul mur dépourvu de fenêtre. On y retrouve des journaux personnels, des cahiers de notes, des traités de science et de folklore mais le joyau de cette collection est sans nul doute trois immenses livres reliés de cuir pâle rangés avec soin sur la plus haute tablette.

Dehors, Jones appelle les autres. Il a trouvé une seconde entrée derrière la maisonnette, une descente de cave fermé par un cadenas. Jordan envoie Heberts avec lui pour fouiller la cave tandis qu’ils s’occupent du rez-de-chaussée. Le jeune a la présence d’esprit de se munir d’une lampe. Jones et lui font voler le cadenas de quelques coups de crosse et pénètrent avec prudence dans les ténèbres humides.

Ce qu’ils trouvent en bas affirme le malaise flottant qui hantait Heberts depuis son arrivée. Les panneaux de bois qui entourent la petite pièce sont couverts de signes et de symboles inquiétants. Un bloc inégal de pierre noire attend en son centre. Une étoile à sept pointes a été gravée sur chacune de ses surfaces. Le sol de terre battue est taché en maints endroits. Quoi que l’on fasse ici, c’est une besogne fort salissante.

Au fond de la pièce, derrière une petite porte munie d’un verrou, on découvre trois petites cellules. Chacune est équipée de fers accrochés au plafond à l’aide de chaines solides. Imaginer les horreurs qui peuvent se dérouler ici fait frissonner les deux soldats.

Lorsqu’il tire le loquet et ouvre la dernière des trois cellules, quelque chose se rue hors de la pièce ténébreuse et envoie Heberts heurter le mur. Sa lampe vacille, jetant des ombres dansantes sur le petit couloir. Il devine à peine ce qui l’a plaqué ainsi. Quelque chose de noir et bourdonnant le frôle, quelque chose à la fois couvert de fourrure et d’une carapace qui n’est pas sans rappeler celle d’un insecte. Derrière, Jones lève son arme pour tirer mais la créature est plus rapide. Elle frappe Jones d’un membre aiguisé, tranchant sa chair et ses os comme si le soldat n’était qu’un bloc de suif sous une lame chauffée. Heberts comprend avec un temps de retard que le hurlement terrifié n’est pas celui du blessé mais monte de sa propre gorge.

La chose est déjà dans la pièce voisine. Elle ne s’est pas arrêtée un instant sur sa victime, attribuant moins d’importance à sa vengeance qu’à sa liberté. Notre héro ramasse sa lampe et vole au secours de Jones juste à temps pour le voir expirer dans ses bras. Ses plaies sont profondes, trop profondes.

Dehors, on entend des coups de feu. Alertés par les cris, les autres sont sortis l’arme au poing. Ils ne sont pas certain de ce qu’ils voient mais choisissent de ne pas poser de question. Ils font feu comme la chose composite déploie ses ailes membraneuses pour prendre son envol. Plusieurs coups font mouche mais ce n’est pas assez pour arrêter la bête qui disparaît en un instant dans la nuit brumeuse. Jordan dit avoir vu la silhouette d’un bec droit et gigantesque, comme celui d’un corbeau démesuré. Personne n’est certain de rien.

On sort Jones de la cave. Le pauvre a succombé. Malgré les événements, on choisit de s'installer dans la cabane jusqu'à l'aube. Progresser de nuit dans ces bois serait de la folie. On suspecte que les choses à face de chien sont toujours tapies dans cette forêt maudite. On enterre le mort près du potager sous le regard inquiétant de l’épouvantail puis on remonte à la cabane.

Débute alors une longue veille angoissée.
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MessageSujet: Re: Le Manuscrit de Chagrin.   Le Manuscrit de Chagrin. Icon_minitimeMar 17 Juil - 2:50




Les minutes semblent s’étirer sur des heures. L’horreur de la situation teinte les esprits d’irréel et de crédulité. Comment nier l’impossible après en avoir goûté ainsi le venin?

À la lumière de vieilles lampes et de bougies, on cherche à passer le temps. Plus familier avec la langue de Molière, le Père Sirois épluche les cahiers et les journaux de leur hôte, cherchant à découvrir chez qui ils se sont réfugiés ainsi, chez quel sorcier, quel suppôt de Satan. On comprend rapidement que deux hommes se sont succédés ici, deux membres de la même famille.

Les cahiers de notes les plus anciens remontent à une quinzaine d’année, lorsqu’un érudit du nom de Jérémie Chagrin s’installe dans cette cabane afin de poursuivre ses plus noires expériences loin de l’œil critique de ses semblables. Si l’on en croit ses écrits, il aurait appelé de nombreux démons depuis les abysses grâce aux savoirs anciens qu’il a su distiller à partir de dizaines de grimoires et de textes occultes. Il aurait contacté les déités de mondes lointains, des êtres sur lesquels le Dieu de la Terre n’a nulle emprise. Il a fait des pactes obscurs avec certains de ces êtres tout-puissants, échangeant sacrifices et services contre davantage de formules et de secrets interdits.

On comprend au fil des cahiers qu’entre 1908 et 1911, il compose à son tour un grimoire contenant le cumul de toutes ses expériences avec l’occulte, un ouvrage imposant en trois grands volumes. Les regards des soldats se tournent d’emblée vers les trois livre gigantesques posés sur la plus haute tablette. On les descend et les inspecte, surpris par leurs riches illustrations en couleur et intrigués par le sens des mots couchés avec la plume serrée et presque illisible de son auteur.

Le Père Sirois reprend sa lecture. L’écriture couchée dans les cahiers a changée. Il est clair qu’un second sorcier habite à présent seul les lieux. Christian Chagrin, le neveu du premier hérétique, semble avoir emménagé ici en 1909 afin d’aider son oncle dans ses recherches. Chimiste de métier, il est séduit par les travaux de l’érudit. En 1911, lorsque Jérémie Chagrin décide de lui confier ses plans, le jeune Christian accepte sa part de responsabilités sans broncher.

Ayant couché la somme de son savoir occulte dans ses trois grands volumes, le sorcier est prêt à quérir de nouveaux secrets. Jérémie Chagrin a créé un portail fantastique qui lui permettra de partir explorer d’autres dimensions et d’enrichir ainsi davantage son curriculum mystique. Durant son absence, Christian devra rester ici et s’assurer que ce côté du passage magique reste inaltéré. En échange de ce service, le vigile pourra étudier durant ce temps les grimoires du voyageur. Voilà près de huit ans que le mage est parti.

Dans ses derniers cahiers, Christian Chagrin parle d’une vie solitaire. Il explique comment la guerre l’a obligé à dissimuler la cabane de son oncle derrière des mirages et des illusions afin de préserver le site des soldats. Il écrit à propos des goules, monstres charognards attirés dans la région par les tranchées et leurs charniers. Ces choses semblent obsédées par la cabane et son occupant. L’ermite commente sur ces créatures, dissertant sur la façon dont il les tient à distance grâce à des talismans distribués autour de chez lui.

Sur la toute dernière page de son journal, Christian Chagrin explique que la protection contre les monstres charognards a été brisée. Il craint une intervention extérieure. Il écrit qu’il part faire la tournée des talismans distribués autour de chez lui.

Un malaise passe sur les rescapés assemblés. Les soldats se souviennent de l’étrange arrangement situé près de l’étang, celui que le Père Sirois a jeté au sol. On comprend. On déduit que le sorcier ne peut être bien loin. Parti faire la ronde de ses gris-gris, il ne devrait plus tarder à revenir ; s’il n’a pas déjà remarqué la lumière aux fenêtres de sa demeure.

On baisse les lampes avec empressement. On va vérifier les accès, l’arme au poing, mais rien ne bouge à la lisière des bois. On installe les baïonnettes, vérifie les munitions.

Les quatre hommes attendent en silence des heures durant. À rester immobile dans le noir, lutter contre la fatigue devient une épreuve en soi. Jean Heberts est posté à une fenêtre, face au versant de la colline où se trouve le potager, son arme braquée par un carreau manquant. Il a peine à détacher son regard du mannequin planté au centre du parterre. Il est vrai que la longue faucille rouillée attachée dans sa main droite n’a rien de bien rassurant. Un vent capricieux s’est levé, agitant par moment le pantin sinistre.

Au plus noir de la nuit, l'épouvantail disparaît. Le temps d’un clignement des yeux aura suffi au gardien pour se volatiliser. Heberts lance l’alarme et ses compagnons braquent leurs armes. Dehors, à travers les carreaux crottés des fenêtres closes, le vent bât les herbes hautes, suggérant partout le mouvement.

L’attaque surprend tout le monde. La fenêtre devant laquelle est posté Riddley explose avec fracas lorsque la lame corrodée vient le happer. Il n’a même pas le temps de hurler. Le Montréalais est soulevé de terre et emporté dans la nuit avant que ses compatriotes n’aient le temps de faire feu. On sonde les ténèbres en vain. Riddley a disparu.

Terrifiés, chacun à son poste près d’une fenêtre, les soldats échangent à voix basse. On se sait victime d’une horrible sorcellerie. Christian Chagrin ne doit pas être loin. Heberts remarque que Clarence Jordan semble déceler quelque chose à l’extérieur un moment avant que l’épouvantail ne frappe à nouveau. Le verre vole en éclats et Jordan reçoit un coup de faucille en pleine poitrine. Surpris, le Père Sirois ouvre le feu en se retournant, ratant de peu le blessé qui retombe lourdement lorsque la lame se déloge d’un geste vif.

Dans la cohue du moment, Heberts entend un bruit sourd résonner au dessus de sa tête et comprend que le mannequin est sur le toit. Refusant de jouer les victimes et d’attendre d’être massacré à son tour, Heberts ouvre la porte et se rue à l’extérieur, l’arme braquée vers le haut. Passé le seuil, il se retourne juste à temps pour voir l’être enchanté sauter vers lui. Il ouvre le feu. Le choc secoue la chose surnaturelle qui s’échoue entre la porte et lui. Il fait feu à nouveau en reculant, vite rejoint par l’aumônier, réduisant l’étrange golem en un monceau de bouts de bois et de poignées de paille.

Les soldats croient un instant avoir triomphé. Essoufflés, encore tremblants d’excitation, Sirois et lui remarquent toutefois que la lame recourbée s’est mise à remuer. La paille frémit.

Rapide d’esprit, Heberts se retourne et cherche autour de lui. Il repère rapidement un homme dissimulé à l'orée de la forêt, un individu hirsute au visage couvert d’une longue barbe rebelle. Le jeune homme remarque que l’inconnu agite en marmonnant une poupée armée d’une minuscule lame recourbée. Le soldat fonce sans attendre. Le sorcier lâche le pantin, dégaine un pistolet et fait feu sur lui. Jean charge, évitant par miracle les balles sifflantes, et empale l'homme maudit avec sa baïonnette. Christian Chagrin meurt, une expression de surprise incrédule peinte sur ses traits rongés par les secrets, articulant sans succès les vers maudits d’une prière magique à travers l’écume sanglante de son dernier souffle.

À l'aube, les Canadiens survivants quittent la clairière en emportant avec eux les trois grands grimoires manuscrits composés par Jérémie Chagrin ainsi qu’une poignée des nombreux cahiers de notes éparpillés dans la demeure. Le Père Sirois et lui parviennent à naviguer à travers les bois en aidant Clarence Jordan de leur mieux. Ils sont retrouvés par des troupes alliées deux heures à peine après être sortis du petit boisé.




Dernière édition par Goetys le Mar 17 Juil - 3:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Manuscrit de Chagrin.   Le Manuscrit de Chagrin. Icon_minitimeMar 17 Juil - 2:58

Citation :

La partie en soi débute donc 10 ans plus tard, en 1928, et se déroulera au Canada, principalement dans les provinces du Québec et de l'Ontario.

David s'est fait un second personnage, un ami d'enfance du jeune journaliste mis en scène dans cette introduction.

Davis Bluteau est un détective privé sans beaucoup de sens moral, travaillant plus souvent pour la pègre que pour des particuliers. L’Ontarien de souche francophone a grandi avec Jean Heberts mais le survivant et lui se sont perdus de vue depuis son retour de la guerre.

À suivre ...







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