Debout sur le seuil de la porte, elle scruta les ténèbres qui enveloppaient la cour. Il n’était pas revenu.
Le premier soir, elle ne s’était pas inquiétée. Peut-être avait-il décidé de s’arrêter quelque part en chemin ? Le deuxième soir, elle avait commencé à se poser des questions plus terrifiantes.
Elle avait laissé passer quelques jours, mais maintenant qu’il n’était pas venu depuis 6 jours, elle avait vraiment peur. Il avait disparu, c’était évident. Où était-il ?
Elle porta une main tremblante à sa bouche. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Un accident est si vite arrivé… Elle cria son nom dans la nuit noire, n’obtenant pour seule réponse que le silence, profond et terrifiant.
Dépitée, elle alla se coucher. Elle partirait à sa recherche dès le lendemain, mais en attendant elle ne pouvait rien faire d’autre qu’espérer qu’il réapparaisse durant la nuit. Elle se glissa dans les draps froids. Son absence créait un vide immense, la maison semblait tout de suite moins vivante. Elle ne s’était pas sentie aussi seule depuis bien longtemps. Elle regrettait son contact, sa chaleur et sa présence réconfortante. Elle mit longtemps à s’endormir, ne pouvant s’empêcher de sangloter à l’idée de ce qui avait pu lui arriver. Lorsqu’elle trouva enfin le sommeil, il fut de bien mauvaise qualité.
Aux premières lueurs de l’aube, elle se mit à arpenter le village, craignant de le trouver mort à chaque coin de rue. Ne trouvant rien, elle alla sonner chez tous les voisins, pour savoir si quelqu’un l’avait aperçu récemment. Aucun d’eux ne savait rien, mais tous promirent de venir la prévenir au plus vite s’ils le trouvaient.
Le dernier voisin lui apprit qu’il allait souvent se promener dans les champs derrière leur maison. Elle l’ignorait, et n’avait donc pas cherché là-bas.
Elle s’engagea donc dans le chemin menant à ces champs. A peine eut-elle parcourut quelques mètres, qu’elle aperçut une forme sombre recouverte de feuilles de maïs, à plusieurs centaines de pas. Son cœur eut un raté. Elle ne distinguait pas vraiment ce qu’était cette forme, mais elle savait instinctivement que c’était lui. Elle resta immobile un instant, puis courut vers la forme.
Elle s’agenouilla en tremblant et dégagea les feuilles. C’était bien lui. Il était déjà froid. La plaie à la jonction de son épaule et de son cou était grouillante d’asticots, la nature avait déjà commencé son œuvre de décomposition.
Elle ne put retenir ses larmes une seconde de plus. Elle resta là de longues minutes, laissant son chagrin couler à flots. Il était mort. Il avait certainement été renversé. Combien de temps était-il resté là, agonisant ?
Elle saisit le petit corps inerte et le serra contre elle. Puis elle le ramena chez elle, et l’enterra dans le jardin. Plus jamais elle ne sentirait sa chaleur. Plus jamais il ne viendrait lui faire de câlins. Plus jamais ses miaulements ne la réveilleraient. C’était fini. Il allait terriblement lui manquer. Elle maudit un instant les esprits qui avaient permis qu’un être si jeune s’en aille ainsi. Sa petite boule de poils était partie, elle n’arrivait pas à s’y résoudre.
En larmes, elle abandonna la tombe fraîche et alla s’emmitoufler dans sa couette. Dans quelques jours, elle le savait, ça irait mieux. Elle ne l'oublierait jamais, mais son chagrin s'estomperait. Mais en attendant, tout ce qu’elle souhaitait c’etait qu’on la laisse tranquille et qu’on la laisse pleurer toutes les larmes que pouvait produire son corps…
Dim 9 Oct - 17:36
